Qui nous sommes.
Nous sommes arrivés dans le monde de l'épagneul breton en 1967, avec l'achat de notre premier épagneul breton, QUIM. A cette époque, nous ne chassions pas (encore) et seules les qualités de convivialité de la race nous avaient attiré, ainsi que son aspect sympathique et son faible volume.
Quim fut présenté deux fois en exposition, à l'instigation de son confirmateur, Gaston Pouchain, qui était alors le président du CEB. Un 3ème prix "Excellent", puis un "Excellent" à l'exposition de Championnat de France ont été toute sa carrière!
C'est le chien qui a succédé à Quim, NIXO DE SAINT TUGEN, un mâle tricolore né en 1977, qui m'a amené à parcourir plaines et bois, le fusil à la main!
Le hasard nous avait doté d'un chien qui obtint très vite de tels succès en expositions que, pour homologuer un titre de champion de beauté, il nous fallût faire connaissance avec le monde du field-trial, complétant ainsi une culture cynophile encore sommaire.
Nixo a été le premier épagneul breton tricolore a obtenir le titre de Champion International de Beauté.
Quant nous avons souhaité un deuxième chien, nous nous sommes tournés vers le même élevage, et SKA DE SAINT TUGEN fit son entrée au foyer en 1981.
Ce chien, célèbrissime, est à la base de l'engouement pour les robes tricolores qui dure encore aujourd'hui.
Avec ses six titres de champion, tant en travail qu'en beauté, il fit 80 saillies qui produisirent 13 champions (9 en beauté, 6 en travail, plus 4 vainqueurs de CACT/RCACT).
L'âge de la retraite professionnelle approchant, nous avons envisagé de faire un peu d'élevage à partir de nos champions "Saint Tugen", et nous déposâmes l'affixe "Du Hameau de Sorny".
Je chassais à l'époque avec un ami qui possédait une certaine SISSI, et avais chassé avec Moka, le père, Ora, la mère, et Venus de Jacquenick, la grand'mère de SISSI, tous chiens efficaces, bien construits et bien équilibrés. "Stef" me prêta SISSI, et, le 3 Septembre 1985 naquit la première portée "DU HAMEAU DE SORNY".
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Le "mariage" fut heureux, puisque la première portée comporta les deux championnes "ALPHA"(Tr. CHCS.CHIB) et "ARIA"(Tr. CHIB), et que le renouvellement de cet accouplement, en 1988, produisit les champions "DALLAS" (Tr. ChFTP. ChFTA. CHIB),"DUGEN" (Tr. CHCS) et "DAHLIA"(Tr. ChT. ChFTA. CHCS. CHIB)!
Ces cinq chiens sont, à leur tour devenu parents ou grand'parents, voire arrière-grands parents de nombreux champions : Far du Hameau de Sorny, First du Hameau de Sorny, Guinness du Hameau de Sorny, Irma du Pont de Cauhet, Ilton'H du Fossé de la Tanière, Icare de l'Enclos du Château, Jiga de la Cité des Dianes, Jisquette de Saint Tugen, Like du Pont de Cauhet, Macha du Bois Courcol, Morgon du Pont de Cauhet, Oreste de l'Enclos du Chateau, Orace du Pont de Cauhet, Sarriette du Hameau de Sorny, Twist du Hameau de Sorny, Uzik du Hameau de Sorny, Vanille du Hameau de Sorny, Cannelle du Hameau de Sorny, Guss du Hameau de Sorny, etc...
Depuis, l'élevage est devenu une activité régulière, et, le 3 Septembre 2015, nous avons célébré les trente ans de notre élevage, durant lesquels nous avons fait naître plus de 500 épagneuls bretons!!!
Comme l'élevage se fait avec des femelles, que nos chiens vivent avec nous, dans la maison, et que nous souhaitons une vie domestique paisible, même au moment des chaleurs, nous n'avons plus gardé de mâle
après la mort de Dallas,
en 2002, à 14 ans, jusqu'à Carex, arrivé en
2007. Carex s'est avéré avoir une grande carrière et apte à faire lui aussi un bon étalon:
"Sujet recommandé" avant d'avoir trois ans, et "Champion des Field-Trials
d'Automne" avant même la fin de la saison 2010, saison où il a obtenu 14
classements de "Excellent" à "CACT", performance tout à fait exceptionnelle!
Notons que Carex est aussi Champion International de Beauté, ce qui ne
gâche rien!
Nous avons eu aussi la fierté de voir CAREX obtenir le
titre de Champion d'Europe 2011 par équipes de field-trial d'automne de l'A.I.C.E.B.
(Amicale Internationale des Clubs de l'Epagneul Breton). Nous nous sommes
séparés de ce chien après que sa "carrière" en field-trial et en exposition soit
arrivée à son terme.
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CAREX |
De même, les chiennes qui ont passé l'âge de reproduire poursuivent paisiblement leur vie avec nous, ou sont offertes à des amis ou des membres de notre famille..
Quant un sujet se révèle avoir des aptitudes pour les field-trials, nous ne manquons pas de lui donner sa chance, mais c'est souvent difficilement compatible avec les aléas de la féminité! C'est plus facile au plan de la chasse, le nombre des chiennes en laissant toujours quelques unes disponibles. Nous avons néanmoins pu faire homologuer en 2007 un titre de
Champion des Field Trials d'Automne pour Vanille du Hameau de Sorny.
...Et quand nous avons la chance que le
propriétaire d'un Hameau de Sorny s'intéresse aussi aux field-trials, le
résultat est parfois très satisfaisant, si on en croit l'exemple de Dahlia du
Hameau de Sorny, à Nicolas Bonneterre devenue Championne de Travail, Championne
d'Automne, Championne de Conformité au Standard, Championne Internationale de
Beauté, ou de First du Hameau de Sorny, à Alain Juquois devenu Champion de
Printemps, Champion d'Automne et Champion de Conformité au Standard, ou encore
de Twist du
Hameau de Sorny, à Jean-Louis Goasdoué, qui est devenu Champion de Printemps,
Champion d'Automne et qui a été classé premier à l'échelle des valeurs solo de
l'automne 2006, puis deuxième à l'échelle des valeurs en couple de
l'automne 2007, et deuxième également à l'échelle des valeurs en couple du
printemps 2008!!! Et il en a été de même pour
Cannelle du Hameau de Sorny Championne d'Automne, à Bruno Véron, et aussi
tout récemment pour Guss du Hameau de Sorny à Julien Requena, qui a obtenu en
2015 le titre envié de Champion des Field Trials de
Printemps avec la troisième place à l'échelle des valeurs, puis, à l'automne
2016, successivement le titre de Champion International de Travail et celui de
Champion de Field Trials d'Automne, ainsi que la première place à l'échelle
des valeurs 2016 "Automne solo" .
Par ailleurs, Cannelle du Hameau de Sorny, citée
plus haut vient d'être homologuée reproductrice "Elite B" par le CEB,
distinction que seules une dizaine de femelles ont obtenu depuis près d'un
quart de siècle que le système des grilles de sélection a été mis en place
(Bulletin du CEB n°66 du 2ème semestre 1992). Cannelle du Hameau de Sorny, à
Bruno Véron, est la mère de Ioda des Marais du Piat, classé premier aux échelles
des valeurs 2016 "Automne couples" et sur "Gibier naturel".
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GUSS |
Nous avons produit notre 500ème chiot le
23 Février 2014, dans une portée de sept chiots de Girolle du Hameau de Sorny
par Bob des Landes du Pech.
Compte tenu de notre âge, qui avance inexorablement, nous pensons qu'il ne
serait plus réaliste de garder un nouveau chien façon définitive, mais pour
éviter la frustration, nous envisageons de garder un chiot chaque année, et de
ne le vendre que vers l'âge de un an, après l'avoir initié à la chasse, voire
l'avoir présenté au T.A.N. (Test d'Aptitudes Naturelles) et l'avoir fait
confirmer.
La seule chasse qui m'intéresse vraiment est celle de la plume: bécasse, perdrix, et faisans.
Actuellement, alors que j'ai célébré mes 85ans en cette année 2017, je prévois encore une nouvelle saison de chasse, pour que tous nos chiens puissent satisfaire leur instinct au moins quelques heures à chaque sortie, sorties auxquelles il faut ajouter quelques semaines de "vacances de chasse", comme chaque année dans le Quercy, où c'est la fête pour les Epagneuls Bretons du Hameau de Sorny!
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L'équipe des "Hameau de Sorny" à la chasse dans le Quercy, en Octobre
2017 (Eglantine, Mélisse, Mandarine) |
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J'ai eu l'honneur de recevoir, à l'occasion de l'Exposition Nationale d'Elevage 2015, la médaille d'honneur du Club de l'Epagneul Breton, pour "services rendus à la race".
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Nous sommes titulaires des Certificats de Capacité n° 02.029 et 02.030 (Articles L214-6 -IV,3°- L215-9 L215-10 du Code Rural, Décret 2000-1039 du 23.10.2000, Arrêté du 1.2.2002).
Inspection inopinée de la Direction des Services Vétérinaires (D.S.V.) le 24 Septembre 2007: Conclusion tout à fait favorable.
(Dernière mise à jour: 30 Octobre 2017)
Annexe 1
Interview de 2013 pour le "FORUM DE L'EPAGNEUL BRETON":
Pour commencer, pouvez-vous vous présenter et nous expliquer succinctement votre parcours dans le monde du Breton ?
Je vais bientôt
avoir 81 ans, suis d'origine bourgeoise et citadine. Aucun de mes parents,
proche ou éloigné, ne chassait. Habitant Paris, je n'ai eu aucun contact avec le
monde canin -sauf une courte expérience malheureuse avec un chien SPA plus ou
moins (surtout moins) de type teckel- jusqu'à ce que, ayant déménagé pour un
pavillon en Seine-et-Marne, et pour répondre aux vœux de mon épouse, nous nous
mettions en quête d'un chien. J'avais eu un coup de cœur pour un Korthals, mais
ma femme trouvait ce chien trop grand aussi nous sommes nous « documenté » sur
d'autres races. Un petit livre édité par le magazine « ELLE » en 1959, intitulé
« Elle a un chien » faisait un bref inventaire de 52 races, parmi lesquelles
pour l'épagneul breton, il était indiqué : Sa principale qualité : La bonté -
Son principal défaut : Aucun.
C'était le chien qu'il nous fallait !
Nous voulions impérativement (Pourquoi? Snobisme ?) un chien de « race pure » et la SCC nous a indiqué un éleveur assez proche de chez nous...qui nous vendit un mâle orange et blanc, QUIM. Nous étions en 1967, et ce très beau sujet n'avait d'autre rôle que d'être un chien de compagnie. Une tentative de chasse avec un copain de pêche, qui était aussi chasseur, fût un échec complet ! « Intenable, ton chien !! » Mais quand je repense à la « prestation » de Quim ce jour-là, je me dis que, aujourd’hui, j'aurais sans doute tenté avec lui l'aventure des fields ! Bref, deux présentations en exposition (« Ce truc de bonnes femmes ! ») à l'incitation du confirmateur Gaston Pouchain, très satisfaisantes, furent toute la carrière de ce chien. A l'occasion de cette confirmation, adhésion au CEB.
A la mort de Quim, dix ans plus tard , du trop classique cancer, nous avons cherché un remplaçant, mais d'une autre robe puisque nous savions qu'il existait aussi des bretons marrons et des noirs. Notre éleveur précédent avait cessé son activité entre temps, et, sur son conseil nous consultons un autre éleveur de la région parisienne qui nous propose un tricolore.
« C'est quoi ça ??? Méfions nous des escrocs qui sont légion dans ce métier ! »
Appel à Gaston Pouchain, le président du club :
« Oui, ça existe et c'est très joli. Qui vous le propose ? «
« Madame Marchand »
« Achetez-le sans voir ! »
Et c'est ainsi que, en 1978, NIXO DE SAINT TUGEN fit son entrée chez nous.
Entre
temps, ayant acheté une maison à la campagne, dans un village de 300 habitants
du Soissonnais, je m'étais mis avec la chasse. C'était l'époque bienheureuse où
quasiment tous les hommes du village chassaient ! Quelle gaîté le dimanche matin
quand on se retrouvait tous devant l'église ! Un temps malheureusement révolu !
Comment avez-vous débuté dans la compétition (ou l'élevage) et avec quel(lle)s chien(nne)s ?
Lorsque vint le moment de faire confirmer Nixo, Madame Marchand demanda à le voir d'abord, et l'estimant « Excellent » nous « autorisa » à l'engager à la première exposition possible qui se trouvait être Beauvais : CACIB au premier coup !!!! Ca devenait beaucoup moins un « truc de bonnes femmes » ! Et ainsi jusqu'au jour où, ayant gagné le CACIB du Championnat de France sous le jugement de Gaston Pouchain , on nous annonça qu'il ne lui manquait plus qu'un prix en travail pour devenir CHAMPION !
« Travail ?
C'est quoi, ça ? »
Et me voilà « coaché » par Madame Marchand et entreprenant de préparer mon
chien. Epique ! Entraînements quotidiens sur le champ de courses d'Enghien qui
était en face de mon domicile, et deux fois par semaine chez Madame Marchand, à
Montigny-Le-Bretonneux (Ca ne s'invente pas!) ! Et quelques soucis
sur le rapport ! M'étendre sur le sujet serait trop long, mais, croyez moi,
c'était folklorique, surtout les premières présentations en field !!! Bref,
après deux échecs, mon chien obtient la (très modeste) récompense nécessaire et
devient CHCS (à l'époque c'était CHB)...et, pour moi, la maladie cynophile
devient chronique.
Je passe sur la suite pour ne pas lasser.
Vient le temps où nous souhaitons un deuxième chien, évidemment un autre breton puisque nous en étions si contents. Encore une fois : Changement de couleur souhaité ...et Madame Marchand, devenue une amie entre temps (les éleveurs adorent les clients qui « sortent » les chiens, surtout avec succès!) nous dit disposer d'un chien marron et blanc. Rendez-vous est pris, le chiot en question nous plait, mais l'éleveuse nous dit : « J'aimerais bien vous en montrer un autre » et nous présente un tricolore noir dont elle pense qu'il serait plus intéressant pour nous. L'affaire fut faite et nous voilà propriétaires de SKA DE SAINT TUGEN ! La carrière de ce chien est connue et peu d'autres sujets ont obtenu comme lui, six titres de champion, en travail comme en beauté !
Quant à l'élevage, Nixo a été assez peu utilisé, n'ayant pas eu l'aura de Ska alors que, à mon avis, il était plus typique dans sa construction.
En revanche, Ska, lui, aura marqué l'histoire de la race, par sa nombreuse descendance mais aussi pour avoir lancé la mode des tricolores !
En ce qui me concerne, j'envisageais de créer un petit élevage à l'occasion de ma retraite. Mais, parmi mes compagnons de chasse se trouvait un ami qui possédait une chienne, Sissi, bonne chienne de chasse pratique, et dont j'avais eu le plaisir de chasser non seulement avec elle, mais aussi avec son père, Moka, sa mère, Ora, et sa grand'mère Vénus de Jaquenik, tous sujets tout à fait convaincants sur le terrain. Cet ami souhaitait faire reproduire au moins une fois Sissi, et son choix se porta sur Ska. J'ai donc avancé la mise en route de mon projet, et comme j'avais déposé un affixe, on décida de faire cette portée sous mon nom, et, pour que cette portée puisse être « du Hameau de Sorny », mon ami me vendit Sissi juste avant la saillie...et je lui revendis « sa » chienne -au même prix bien entendu- aussitôt les chiots sevrés !! (Les subtilités de la cynophilie telle que la cession du droit d'élevage n'étaient pas encore bien connues à l'époque)
De cet accouplement sont nés 5 chiots, le 3 Septembre 1985, dont Alpha, une femelle noir et blanc qui devint TR CHCS et CHIB, et Aria, une tricolore qui devint TR CHIB, tandis que, de son côté, Ailette fut une des premières importations de la race en Angleterre. L'accouplement fut répété trois ans plus tard : 9 chiots dont Dallas (MBO) devint CHP CHA CHIB, Dahlia (FBN) devenant CHT CHA CHCS CHIB, et Dugen (MTri), TR CHCS.
Au sujet de ce dernier qui fut vendu à un amateur lyonnais, il est amusant de savoir que cette personne vint me voir accompagné d'un ami qui s'intéressait fort au breton et préparait un livre sur notre race: Christian Gunther, aujourd'hui président du CEB !
Ensuite, nous avons continué avec diverses chiennes (reçue en cadeau, comme Ouette de St Tugen, ou achetées comme Nathe de Saint Alamo, ou encore choix de portée) en faisant le plus souvent deux portées par an.
Nous pensons ainsi arriver au 500ème épagneul breton du Hameau de Sorny cette année.
3) Quel est votre meilleur et votre pire souvenir en compétition (en field ou
expo) ?
En field, il y a heureusement plusieurs meilleurs ! Le « Très Bon « en gibier tiré de Nixo à Rochecouloir, jugé par Léon Le Louet et Anne Le Tinnier (qui était à la fois juge et tireur...et a raté son oiseau!). J'en ai pleuré de joie ! Le premier classement de Ska au printemps...avec un CACIT (Juge : Cdt Garnier. Cond. F.Herbelin) ! « Mon » premier et unique CACIT avec ce même chien lors du FT de la NE de Reims en 1988. Avoir préparé et fait trialer Aria du Hameau de Sorny, la chienne d'un ami (FT d'été à Plemet), ou encore le premier CACT en GT de Twist du Hameau de Sorny, que je n'avais jamais conduit avant !
Quant au pire souvenir, c'est sans doute il y a une vingtaine d'années au printemps en Picardie, jugé par René Joyet (Serge Guilbert assesseur) où je présentais Dallas du Hameau de Sorny, qui prend trois points magnifiques dans un parcours parfait...mais, l'amateur que je suis a le malheur de faire comme à l'entraînement et de murmurer « chhht » au premier point ce qui me relègue au Très Bon au lieu du CACT évident!
En exposition, évidemment le premier CACIB de Nixo, ou le titre de CHCS d'Alpha du Hameau de Sorny, la première championne de mon affixe.
Et le pire, dont j'ai encore honte aujourd'hui, c'est la colère que j'ai piqué lors du jugement des lots d'élevage de la NE de Nîmes, en 1994 !
4) Votre parcours a certainement été jalonné de rencontres avec des
passionné(e)s professionnels ou non. Auprès de qui avez vous appris, découvert,
progressé dans votre connaissance du breton ? Quels sont les personnes(alités)
du monde cynophile et ou cynotechnique qui vous ont le plus marqué et pourquoi
?
J'ai déjà
parlé de Madame Marchand, à qui je dois tant. Non seulement la passion pour la
race, mais aussi une bonne partie de tout ce que j'ai appris en matière
d'élevage, car elle n'était pas avare de bons et judicieux conseils. Et il y a
eu aussi quelques personnages pittoresques ou intéressants qui m'ont guidé ou au
contraire servi de contre-exemple. La liste en serait longue, mais je me dois de
citer Frédéric Herbelin, dont je fus le premier client, et qui conduisit Nixo,
Ska, et Dallas, et bien plus tard, après un premier contact acerbe, celui auquel
je confie depuis dix ans en toute confiance l'évaluation et le développement de
mes chiens, Jean-Christophe Piat. Une personnalité comme Christian Gunther
marque aussi par sa lucidité et la cohérence de son propos, même si je ne
partage pas forcément ses vues à 100%. Mais quel bien il a fait au club !
5) A l'identique, quel(s) chien(s), vous appartenant ou non, vous a le
plus marqué et pourquoi ?
Voilà une
réponse bien difficile à donner. Comme tout passionné, j'ai surtout des yeux
pour mes propres chiens, même si je m'efforce de ne pas être (excessivement)
complaisant à leur égard ! Mais tout de même, Nat du Buisson de Choisel et R'Vampir
du Mas de la Combe sont difficiles à oublier... et aussi un setter irlandais :
Samouraï de la Chaume Rigaud !
6) Quelles sont selon vous les qualités indiscutables des grands chiens ? Des
grands conducteurs ou dresseurs ?
Pour les chiens, avant tout ce qui fait notre race: L'intelligence ! La passion liée à la complicité ! En revanche je mettrais bien un bémol sur certains sujets réputés « grands » mais qui pensent plus à galoper qu'à chasser, malheureusement encouragés dans ce sens par certains juges. Et quand j'entends un juge dire d'un chien « qu'il chasse trop », je me dis qu'il y a quelque chose qui ne va pas comme il faut !
Et pour
les conducteurs ou dresseurs à la fois l'objectivité, et l'opiniâtreté, joints à
une indispensable compréhension du mental canin...mais je n'ai rien dit en
disant cela, hein ?
7) Aux amateurs, débutants et autre néophytes qui souhaitent fréquenter le
monde de la compétition (FT, ST HUBERT, BICP), quels conseils pouvez-vous leur
donner ?
Ne jamais perdre de vue que tout ça n'est qu'un jeu ! Rien de vital n'est en cause et la cynophilie doit demeurer un plaisir !
Surtout, si on y croit, il faut persister, et apprendre de ses échecs : Ils ne sont jamais de la faute du chien. Personne ni aucun chien n'a réussi au premier coup, et si on est en face d'une erreur de jugement (à son propre avis), considérer le résultat moyen de l'ensemble des prestations d'un chien, d'un élevage, avant de se faire une opinion définitive...et garder ce jugement pour soi s'il est péjoratif!
8) Quel(lle)(s) chien(nne)(s) vous semble(nt), actuellement, présenter les meilleures capacités pour devenir de grand(e)s champion(e)s ?
Voilà
bien le genre de question qui me gêne, et à laquelle je pense qu'on ne peut
répondre objectivement, faute de bien connaître tous les chiens, aussi
vous répondrai-je : Mes chiens à venir ! Enfin, je l'espère !
9) Selon votre expérience, confirmez-vous l'adage "bon sang ne saurait
mentir" lorsqu'il est appliqué aux choix des reproducteurs en Epagneul breton ?
Oui et non. La génétique a des lois, bien sûr, mais elles ne répondent pas toujours aux attentes. On a vu des accouplements de chiens irréprochables donner des sujets catastrophiques. Ceci dit, le risque d'une « mauvaise » portée est évidemment moindre avec une sélection sévère qui considère attentivement les pedigrees des parents. Mais on est ici dans le vivant et la nature ne donne pas toujours les résultats escomptés !
Par ailleurs, il faut absolument distinguer le cas des mâles et celui des femelles.
Pour les premiers, les preuves apportées sur le terrain pèsent autant sinon plus que ce qui figure au pedigree. Les cas sont nombreux de chiens issus de lignées inconnues qui s'avèrent excellents. Simplement parce que personne n'a jamais songé à tenter l'expérience de la compétition auparavant ! Mais pour ceux là, il est malheureusement difficile de distinguer ce qui est le fruit du hasard de ce qui est dû à la lignée. En effet, si il est évident que les qualités et les défauts morphologiques sont soumis aux règles de la génétique, il est bien moins évident que les qualités mentales soient dans le même cas, et en tous cas certainement pas dans la même mesure. Je suis d'avis que l'environnement du chien joue ici un rôle prépondérant.
Pour ces dames, en revanche, il en va autrement et si leur qualité intrinsèque est évidemment la même, les aléas liés à leur sexe obèrent souvent leur éventuelle carrière. Qui plus est, si on se trouve face à une chienne hyperbrillante, sa carrière de reproductrice se trouvera fortement raccourcie par les exigences de la compétition – soit à peu près ses cinq ou six premières années-, et ce au grand dam de la race, ce qui est tout de même paradoxal !
C'est pourquoi je considère qu'il est avant tout nécessaire de considérer, dans l'ordre :
-La robustesse et l'équilibre du caractère de la lice pour assurer une gestation satisfaisante ainsi que les premières semaines de l'éducation des chiots,
-La construction de l'étalon qui conditionnera – conjointement à la lice- celle des chiots et la géométrie de leurs mouvements, de laquelle à son tour dépendra le style, qui doit demeurer celui d'un épagneul breton
-Les origines en s'attachant surtout à « la diagonale des mâles » puisque les étalons sont l'objet d'un choix alors que les femelles sont le plus souvent issues du cheptel dont dispose l'éleveur...et quand ce cheptel est une unique chienne !
-Les performances réalisées tant en travail qu'en exposition, avec, évidemment s'agissant d'une race de chasse, une priorité au premier de ces critères, mais sans toutefois négliger l'autre. Cette double exigence complique sans doute le choix de l'étalon le plus convenable, mais le respect de cette exigence est le prix de la qualité (probable). Pour la femelle, encore une fois, et c'est un peu dommage, on s'aperçoit que, le plus souvent on fait avec ce qu'on a, et qu'on fait reproduire des sujets qui ne le méritent pas, sinon à titre sentimental...ou pire : Economique !
10) Quelles sont actuellement les dérives ou problèmes récurrents que vous constatez dans la cynophilie (expo, field, concours amateurs, préparation, sélection, reproduction...) ?
Nous souffrons d'un manque de juges expérimentés, issus de notre race, qui aient concouru et élevé suffisamment pour peser les conséquences de leurs avis.
Y remédier est un travail de longue haleine que le club a entrepris mais qui se trouve bridé par l'extrême complexité du système français. Si, in fine, il donne -au moins en principe- une garantie quant à la qualité de nos juges, il a aussi pour grave contrepartie de dissuader beaucoup de candidats, et surtout des candidats encore jeunes.
Pour les expositions, elles furent un excellent moyen d'amener les amateurs à la cynophilie, mais depuis quelques années, le laxisme -voulu ou non- des organisateurs a amené la mode des expositions sans cages, ce qui fait que le grand public ne sait plus où trouver les chiens qu'il souhaite voir, et quand il en trouve un, ne sait pas qui il est puisque les cages ne sont plus identifiées ! Et je ne dis rien de ce qui se passerait s'il se produisait un mouvement de foule compte tenu de l'encombrement excessif des allées !
Si encore, l'accès à ces manifestations était gratuit !!
Enfin, d'une façon générale, je déplore que, lors des élections d'un Comité, de trop nombreux adhérents se contentent de reconduire les administrateurs sortants, sans même savoir de chacun ce qu'il a réellement apporté à son club, à sa race, ce qui aboutit à des comités sclérosés gérés par des vieillards soucieux avant tout de conserver leur siège. Par chance, nous avons la chance d'avoir un club hors norme avec un comité réduit en nombre et où tous assument leurs rôles dans la mesure de leurs moyens, dans une ambiance animée mais amicale.
11) Plus largement, que souhaitez vous nous dire concernant l'épagneul breton ?
L'essayer c'est l'adopter !
Et comme un peu de chauvinisme ne fait pas de mal en ces temps difficiles, félicitons nous qu'une race française puisse combler à ce point les désirs des divers utilisateurs.
L'épagneul breton a encore de longues années devant lui, et, après avoir été, selon la formule de Gaston Pouchain, le chien du XXème siècle, je gage qu'il sera encore celui du XXIème !
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Annexe 2
HISTOIRE D’UNE PHOTO
La photo ci-dessus est archi-connue, et je suis si souvent amené à en raconter l’histoire…que j’ai pensé que cela pourrait faire l’objet d’un article, que j’espère amusant.
Nous sommes en 1991, et élevons alors depuis six ans.
Pour cette année-là, nous avions programmé notre dix-neuvième portée avec notre chienne Cadette du Sulon, une femelle orange et blanc, trialer, dysplasie « A », cotée 3/6, avec un mâle noir et blanc vendu à un client : Ezop du Hameau de Sorny (TAN), et lui-même issu d’une noir/blanc mariée à un orange/blanc.
Saillie le 6 Janvier,
renouvelée 48 heures plus tard, et après soixante-trois jours de gestation, le
10 Mars 1991, Cadette se met « au travail », et comme toujours, c’est moi qui
surveille la mise-bas.
A 8h50, naît le premier chiot, un mâle tricolore noir
anoure de 400 grammes, suivi dix minutes plus tard par une femelle orange à
queue courte de 390 grammes, ensuite un mâle orange aussi à queue courte, puis
un mâle noir à queue longue.
Arrive ensuite, à 11h55, une petite femelle à queue longue de 360 grammes dont
l’aspect m’intrigue…et j’annonce à Annie, mon épouse, la naissance d’une femelle
« noir clair » et blanc !!!!
Dix minutes plus tard un mâle identique !!
Les chiots sèchent et il s’avère que le « noir clair » qui m’intriguait tant
est, en fait, du marron, couleur que nous n’avions jamais eue dans nos portées
précédentes.
Deux grosses heures se passent encore, et Cadette délivre à 14h30 son dernier
chiot, une femelle tricolore marron orange et blanc de 360 grammes !!
Ainsi, avec ces sept chiots
nous avons devant nous toute la gamme des couleurs admises pour la race :
-deux orange et blanc
-un noir et blanc
-un marron et blanc
-un tricolore noir, orange et blanc
-un tricolore marron, orange et blanc
Tout de même pas banal !!!
Marron-blanc –
Orange-blanc – Noir blanc- Tricolore noir – Tricolore marron
Et j’ai cherché à comprendre comment BO x BN pouvait aboutir à toutes les robes de la race !
Ce fut le début de longues
et difficiles recherches, puisque personne dans le CEB ne semblait avoir étudié
ou élucidé cette énigme !
La littérature spécialisée française est très pauvre –quasi inexistante- en
ouvrages traitant de façon accessible de la génétique des couleurs, et ce encore
aujourd’hui où je ne connais que l’opuscule du Pr.Denis publié en 2008 !
Il m’a donc fallu me tourner vers ce que les anglo-saxons avaient –abondamment
quant à eux- publié, et heureusement je pratique assez bien la langue de
Shakespeare !
Mais ici, un autre problème apparut : Ces ouvrages sont en majorité le fait
d’auteurs américains, et dans leur pays, la couleur « noir » n’est pas admise
chez l’épagneul breton ! Or, cela touchait précisément un des points que je
voulais éclaircir !
Il m’a donc fallu tout d’abord acquérir quelques notions simples de génétique,
puis déchiffrer les robes de races souvent éloignées de la nôtre (setter
anglais, cocker anglais, et autres, dont des « ratiers » non reconnus par la FCI) !!!!
Et j’ai finalement compris comment ça marchait !!!
Ne voulant pas garder pour mon seul usage le fruit de ma « découverte », et
plutôt fier d’avoir déchiffré l’énigme, cela a fait l’objet d’un article sur le
sujet, publié par le CEB dans sa revue du deuxième semestre 1991.
En plus de vouloir comprendre, nous avions évidemment décidé que, pour cette portée peu ordinaire, nous voulions une photo de qualité.
Dieu sait si j’en ai
« bouffé de la pelloche », à cette époque où le numérique n’en était même pas
encore aux balbutiements !!!! Et les frais de développement et tirage sur
papier…!!! Et tout ça pour des résultats absolument décevants !
Décision est donc prise de demander la coopération d’un photographe
professionnel de la ville voisine, qui accepte de venir jusque chez nous avec le
matériel convenable, et rendez-vous est pris pour une belle après-midi, au
moment des congés de Pâques, alors que les chiots ont six semaines.
Nous cherchons donc où et comment placer les chiots par rapport à notre
environnement, et par rapport au soleil, et le mieux nous semble être face à
notre maison, un peu à côté du vieux tilleul.
Mais comment présenter nos bébés au mieux ? Ca bouge sans arrêt des chiots !
Nous décidons finalement que le mieux serait de les faire poser dans une caisse
qui les maintienne et leur permette d’être debout. On trouve un carton de taille
convenable, on le « maquille » avec une vieille couverture d’une couleur qui
mette les robes en valeur, et le tour est joué !
Ah ! Ouiche ! Essayez donc ! Pas moyen de les faire tenir en place !!! Rien à
faire !
Le photographe est là, sa mise au point sur la caisse, elle-même posée sur une
table pour ne pas avoir d’effet de plongée, est parfaite mais les chiots !!!...
Heureusement, nous sommes pendant les congés de Pâques, et deux très jeunes fils
d’un cousin de ma femme sont à la maison. Donc, nous décidons de recourir à leur
assistance, et nous perçons quatre grands trous au dos de la caisse, qui seront
invisibles sur la photo, et par lesquels les gamins peuvent passer les mains.
Ils s’accroupissent derrière la table pour qu’on ne les voie pas, et poussent
donc les chiots aux fesses de façon à ce qu’ils soient convenablement
positionnés….
De notre côté, ma femme et moi nous plaçons près du photographe et attirons
l’attention des chiots…
Vous connaissez le résultat !
.
de g à d : Garv
MBN, Galette FBM, Guinness FBO, Gazelle FTM, Garek MTN
Mais deux enfants = deux paires de mains, et quatre mains seulement pour soutenir cinq chiots, c’est court, et forcément l’un ne peut être placé comme il faut. Ceci n’est pas flagrant pour celui qui regarde la photo, mais c’est tout de même parfaitement visible, et contribue d’ailleurs à la réussite finale.
Bilan de l’opération: Deux pellicules de 36 poses pour trois photos utilisables !!!
Aujourd’hui, la plus connue
de ces trois photos a été utilisée à de nombreuses reprises, le plus souvent
sans en citer la source et même quelquefois indélicatement.
Pas grave ! J’AI EU MA PHOTO !!!